Emergences, festival de théâtre à Niamey : "Les châteaux d’Espagne" de la Compagnie Saguera de Niamey

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Par Bello Marka Publié le 29/04/2014
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Le vendredi 25 avril, à 20 heures, au Centre des jeunes de Karadjé de Niamey, rive droite, la Compagnie Saguera de Niamey a présenté un spectacle intitulé Les châteaux d’Espagne.

Texte : Bizo Aboubacar.

Mise en scène: Ali Keita

Distribution : Boubacar Seyni, Ibro Abdoul Aziz, Rahila Omar

 

Cette piéce rappelle la fable. Mais cette fable aurait fait son temps et se serait éteinte ainsi que vivent et meurent toutes les fables, si, au-delà du rêve dont elle est le symbole, elle ne parlait de ce problème réel et d’actualité qui aujourd’hui occupe éminemment autant responsables que citoyens, dans nos pays. Problème d’immigration clandestine, la même qui il y a quelques mois de cela, a fait porter le deuil à notre pays, à travers le drame qui a défrayé la chronique des femmes de Kantché.

« Deux clandestins Salif et Karim dont l’un est illettré et l’autre ingénieur des sciences en chômage, partis  à la recherche de l’Eldorado en Espagne se trouvent coincés  au grillage. Rien à faire ; la sirène que représente l’Europe joue sur eux et les fait délirer. Quand ils retrouvent le discernement, les deux compagnons se reconnaissent…Ils sont du même village mais chacun poursuit son objectif.

Tout  se passe entre la mer et le grillage, sur la plage, à un moment où loin des regards indiscrets, les hommes se font rares, une heure où les esprits foisonnent ». Ainsi en dit l’auteur de la pièce dans le synopsis.

Dans cette pièce qui mêle rêves et réalité, qui joue sur le clair et l’obscur et même l’illusion optique pour peindre des situations, le public a eu droit à des moments poignants et d’émerveillement. La sirène, la Mami Wata, comme on l’appelle, cette Voix venue de loin, qui est ici l’Europe, qui appelle les hommes, les envoute, les habite et les obsède et les pousse au départ, a su conduire les deux hommes de notre fable du monde du délire jusqu‘à l’univers de la démence.

La pièce, souvent de façon symbolique ou figurée, soulève beaucoup de questionnements. Sur les origines de l’immigration clandestine. Sur les façons de la faire. Sur ses conséquences. Elle en profite pour toucher du doigt certains aspects sociaux, qui vont de pair avec cette immigration et qui ont pour nom cupidité et ignorance, et pauvreté, et avec cette dernière,  espoir d’un lendemain meilleur obtenu d’un seul tour de bras.

Le surnaturel, utilisé comme un pont qui relie le monde de rêves et celui de la réalité, rend plus poignante encore la situation de ces jeunes gens, à l’instar de bien d’autres, comme eux, qui prennent le risque de se jeter à l’eau sans pourtant savoir nager.

Pièce qui parle à nos cœurs et interpelle nos consciences, la fable des châteaux d’Espagne est une pièce à voir pour qui veut rencontrer sur une scène l’immigration clandestine, ou qui cherche des armes pour la combattre. C’est aussi une pièce à faire voir et qui mérite, avec une adaptation en langues nationales, à voyager dans nos régions pour donner de quoi réfléchir à nos jeunes que tentent l’exode et l’émigration.

Bello Marka

mardi 29 avril 2014

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