Retour au CCFN de Zinder

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Par Webmaster  Publié le 15/02/2016
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Le 16 janvier 2015, suite à une manifestation de la rue, la bibliothèque du Centre Culturel Franco-Nigérien (CCFN) de Zinder était entièrement détruite par le feu. Plus d'une année après ce terrible événement, les travaux de remise en état des locaux à la charge de l'Etat du Niger trainent, alors que l'équipement en ouvrages pris en charge par la France -en plus des bonnes volontés de par le monde qui ont apporté leur contribution- est déjà acquis. Pour une fois de plus attirer l'attention des autorités nigériennes sur l'impérieuse nécessité de réhabiliter ce joyau de la culture dont les premiers bénéficiaires sont nos élèves et nos étudiants, nous avons rencontré monsieur Souley Bawa Kaoumi, le directeur du CCFN de Zinder.

Monsieur le directeur, treize mois après les événements du 16 janvier 2015, où en sommes-nous pratiquement des travaux de réhabilitation de la bibliothèque?

Vous constatez avec moi que jusqu'à présent c'est le statut quo. Nous assistons malheureusement à ce silence. Jusqu'à présent la bibliothèque n'est pas reconstruite. Les gens font des efforts, le ministre en particulier est très actif là dessus, mais malheureusement jusqu'à présent rien n'est fait pour réhabiliter la bibliothèque. Et on attend. Du jour au lendemain, on espère. Mais il faut comprendre qu'on est fatigués d'espérer. Parce que cela fait treize mois aujourd'hui. C'est quelque chose qui devait se faire deux, trois mois après, mais très malheureusement, c'est toujours le silence.

Le second aspect de la réhabilitation de la bibliothèque est sa dotation en livres. Où en sommes-nous?

Nous avons présentement plus de dix à quinze mille livres qui sont acquis. La bibliothèque fonctionne actuellement avec plus de trois mille ouvrages. Et nous avons des livres qui attendent à Niamey. Donc par rapport aux ouvrages je dirai que tout est acquis. Mais malheureusement il n'y a pas où les installer.

La bibliothèque du CCFN appartient d'abord aux populations de Zinder qui bénéficient de ses avantages directs. Dans un tel cadre, quelle contribution celles-ci ont apporté sous l'égide du comité local mis en place pour la réhabiliter?

Je voudrais saluer la mise en place du comité. Il a été très actif. Il a fait signer des pétitions de plus de deux mille signatures. Ses membres étaient très engagés. Et ce sont des gens qui ont fait leurs preuves en 2005 quand le CCFN était menacé de fermeture. Ils se sont constitués volontaires. Mais de l'autre côté, il n'y pas eu un engagement financier de la population. Quelque part la population qui est bénéficiaire de ce patrimoine devait réagir de façon à ce que cela oblige l'Etat et les bailleurs de fonds à aller vite. Certes il y a eu quelques dons notamment en livres. Mais ce n'était pas assez consistant puisque ce qui nous intéresse maintenant c'est d'abord la reconstruction du bâtiment. Peut-être que si la population avait investi un tiers du montant de sa reconstruction, les choses seraient terminées aujourd'hui.

Quel appel avez-vous à lancer à l'endroit des autorités pour que les débuts des travaux de réhabilitation soient accélérés? Et quel appel vous lancez aux populations?

L'appel que j'ai à lancer aux autorités, est celui d'une administration. Le CCFN a fait ses preuves. Aujourd'hui nous travaillons, mais pas à cent pour cent. Nous sommes handicapés. Et le grand handicap est que cette bibliothèque n'existe pas aujourd'hui. Je voudrais seulement demander à notre hiérarchie de continuer à suivre le dossier pour que cela aboutisse. Que d'ici deux ou trois mois qu'on puisse sentir que ce travail est fini ou en voie de l'être. Notre souhait est qu'on dise "maintenant commencez". Ou alors "demain commencez". Il y a eu trop de temps mort. Je voudrais donc demander à notre hiérarchie d'accélérer le dossier afin que les populations qui attendent puissent bénéficier de ce joyau.

Pour la population, il faut quelle comprenne que cette institution lui appartient. Il faut que des choses comme ça ne puissent plus jamais se reproduire. C'est venu spontanément certes, mais il faut qu'on prenne des mesures pour que cela ne se reproduise plus à l'avenir. C'est facile de détruire. On a détruit en moins de deux heures de temps. Mais cela fait treize mois qu'on attend. Et on attend toujours. Le CCFN a été construit en 1963. Depuis ce temps à ce jour, ce sont des dizaines de millions de francs qu'on a investis dans la maison et en deux heures de temps tout est parti en fumée. Il faudrait donc que la population puisse garantir le minimum de sécurité pour cette maison et qu'elle s'engage pour que de tels événements ne puissent plus se reproduire.

Certainement que vous avez un appel à lancer aux artistes dans le cadre de cette prise de conscience des populations...

Les artistes sont avec nous. Ils ont pleuré, ils ont manifesté leur mécontentement avec nous. Je suis confiant . Mais qu'ils continuent à faire de cette maison leur maison. Car sans eux cette maison est handicapée aussi. Nous avons repris nos activités avec le peu que nous avons. Cependant qu'ils sachent que cette maison leur est toujours ouverte. Mais aussi qu'ils lancent des messages forts à l'endroit des décideurs pour qu'ils se décident aussi. Les artistes portent des messages forts à travers les écrits, la musique, la peinture, etc. Ils peuvent dire des choses qui peuvent insuffler. Réchauffer. Aux journalistes aussi je lance un appel. Celui de nous appuyer avec leurs plumes et leurs micros. Joints aux artistes avec leurs plumes et leurs paroles, ils peuvent faire bouger les choses. Donc je leur demande d'apporter leur contribution. Toute initiative est la bienvenue. Pourvu qu'elle fasse bouger les choses. Qu'ils sachent que toute idée qui va servir de tremplin, nous allons l'accueillir.

Avez-vous un dernier mot ?

C'est toujours ce que je disais tantôt. C'est qu'on dise qu'on a fini les travaux et qu'on attend la réouverture. Cela veut dire que notre grand souhait est que les gens s'engagent à clôturer ce projet et qu'il ne soit qu'un triste souvenir. Et que la fête revienne.

propos recueillis par Bello Marka

lundi 15 février 2016

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Par Manfred Weule le 04/01/2016
Avec tristesse je constate que la vie culturelle à Zinder n'a pas repris treize mois après les évenements choquants. Une bibliothèque est toujours l'expression d'un esprit ouvert, un lieu concrète pour une échanges des idées. C'est dans la responsabilité de la population de Zinder d'exprimer la volonté ferme envers les autorités qu'ils tiennent à la rehabilitation de LEUR bibliotheque. Un ami allemand de Zinder

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