A l’origine le mot shap shap est une onomatopée qui désigne le bruit du marteau sur l’enclume du forgeron, ça veut dire quelque chose fait de la main de l’homme, quelque chose de bien fait, affirme l’initiatrice du groupe « studio shap shap » Laeticia Cécile, originaire de l’Ile de la Réunion demeurant au Niger depuis 2004. Dans le langage courant c’est devenu aujourd’hui une façon de dire vite fait.
Dites-nous comment est né « studio shap shap »
Nous-nous sommes retrouvés entre musiciens en Novembre 2015 pour former l’habillage radiophonique du studio kalangou et, par la suite, nous nous sommes décidés de rester ensemble et de continuer l’aventure parce que nous étions tous très motivés, on avait envie de continuer à créer, de se dépasser, voilà donc comment le « studio shap shap » est né. Parmi les musiciens qui ont fait l’habillage seul deux ne font pas partie de studio shap shap.
Nous utilisons des instruments traditionnels tels que : la douma, le komssa, le molo, nous utilisons aussi le kindé qui est un instrument tchadien à huit cordes, le kalangou, la calebasse, les maracas, le balafon. De plus, on trouve d’autres instruments plus modernes comme le piano et la guitare basse. Au studio shap shap on trouve également un mélange de sons électroniques qui sont des samples rythmiques ou autres mais aussi des instruments capturés à l’aide de mon dictaphone que j’appelle affectueusement ma crachouillette qui me suit depuis douze ans. Dans notre musique nous avons remis beaucoup de sons capturés à l’aide de cet appareil, nous avons également des prises de sons extérieurs live. Ce premier album live est enregistré sous la paillotte où nous travaillons d’habitude, la paillotte du groupe, ce qui fait qu’on peut entendre des cris d’oiseaux, le bruit des circulations et tout ce qui fait le charme sonore de Niamey. En fait, les oiseaux réagissent quand nous jouons et j’aime beaucoup intégrer ça dans la musique, c’est musical ces chants d’oiseaux, ils sont aussi une part de ce qui fait le Niger.
Nous avons été soutenus par le CISP (ONG italienne) qui nous a donné un financement pour que nous puissions acheter du matériel afin de faire les choses correctement au Niger. Nous avons fait venir un ingénieur de son de Marseille qui est venu avec du matériel aussi à lui pour nous enregistrer ici dehors, ensuite je suis parti à Marseille avec les sons enregistrés parce qu’au Niger il n’y a pas de salle de « mastering » et nous avons reçu notre CD le lundi 07 Novembre.
Comment appelle t-on ce style de musique ?
Le style de musique que nous faisons s’appelle alternative électro world music », c’est à dire musique alternative, donc, il n’y a pas un style particulier défini et électro puisqu’elle est électro world music, il n’appartient pas à un genre particulier. Je pense que ce genre de musique est une nouveauté au Niger.
Le message que nous essayons de passer c’est écoutez-nous, voyez que l’Afrique est aussi différente, elle n’est pas juste le djembé, voyez que le Niger n’est pas le Nigéria.
Notre but c’est de sortir d’ici et de montrer hors des frontières les richesses du patrimoine nigérien.
Comment s’intitule l’album ?
Il s’appelle château 1, c’est un album de onze titres. Le 1er titre est intitulé ‘peau de chèvre’ en référence au kindé, le 2ème titre ‘dis moi’ dans lequel vous pouvez entendre le balafon et aussi un texte de David Diop qui est un poème intitulé Afrique mon Afrique mais également un discours de Thomas Sankara, le 3ème morceau c’est ‘ l’hivernage’, le 4ème morceau ‘nima’ (c’est en zarma), le 5ème titre c’est ‘sadaka’ (c’est en hausa), le 6ème titre ‘Irmakoye’ allons-y (en zarma), le 7ème c’est ‘le cheval de Aro’, le 8ème titre est ‘hari yéno’ eau fraiche (en zarma) attribué aux vendeurs ambulants, le 9ème titre ‘indus’, le 10ème titre ‘yâ-deyno’ c’est comme ça (en zarma) et le 11ème titre ‘la lutte’ en référence à la lutte traditionnelle nigérienne.
Le vernissage de château 1 est prévu pour quand ?
Il est prévu pour ce Samedi 19 Novembre au CCFN, mais nous l’avons déjà présenté le 04 Novembre dernier aux étudiants de l’université Abdou Moumouni à la place AB au campus. J’étais dubitative du fait de savoir si les gens vont apprécier ou pas cette musique ici parce que c’est nouveau, je me posais la question. Finalement j’étais très contente de l’attention que les étudiants ont apportée au concert. Pendant que nous jouions, nous entendions des cris, du bruit dans le public, c’est surtout ça qui nous fait plaisir. Nous avons trouvé le public des étudiants généreux et nous espérons avoir cette chance le 19 prochain.
Je remercie les étudiants de l’université Abdou Moumouni de nous soutenir, d’avoir partagé le concert du 4 Novembre avec nous et avec autant de joie, une dédicace spéciale à la filière artistique de l’université. Venez nombreux au CCFN le 19 Novembre.
Walter Issaka