Après l’ouverture officielle d’Émergences, festival de théâtre à Niamey le jeudi 24 avril, la Compagnie théâtrale Zindirma de Zinder s’est produite à 20 heures au Centre des jeunes de Karadjé dans une comédie musicale : Zambo. Chronique d’une histoire à canard…
Texte et mise en scène:Moustapha Bello Marka
Tambour :Gambo Hayyo
Distribution :
Sakina Maman : Maria; Intervenante; Conseillère / Gambo Hayyo : Oncle Rimi; Hadj Galma / Fassouma Mani : La cigale; Petite-au-gros-ventre / Hamissou Abdoulkader : Grand gris-gris; Maïgari /Mohamed Attifa : Conteur
Un conteur. Et quatre personnages. Cela a suffit pour construire une histoire. Presque un conte, si l’histoire n’était tirée directement du vécu quotidien de nos populations rurales.
En effet, quelque part encore, malgré que le monde ait évolué, on rencontre des filles mariées à juste onze ans, voire douze, contre leur gré. Toujours, loin des bruits des villes qui prennent l’avion et le train, il se trouve une innocente, -une Fatma, une Nana, comme la Kandé de l’histoire ici mise en scène- jetée sur l’autel des coutumes d’un autre âge. Quelque part, toujours, dans l’anonymat, l’indifférence, le silence souvent complice et souvent obligé, il y a une fille à qui on brise la vie alors que cette vie est encore à son petit matin.
Voilà l’histoire. Et cette histoire, ce drame, Zambo, par la voix des yan gambara, les bouffons, qui passent de marché à marché, de porte à porte, habillés bigarré, avec leur petit tambour et leur air taquin, le dénonce dans un style à faire rire sans pour autant verser dans la légèreté.
Zambo, en effet, est une comédie musicale. En puisant dans les choses d’ici, qu’elle porte sur la scène à la façon de l’ailleurs, cette pièce de théâtre utilise ces techniques qui puisent leur source dans des manières propres à nos terroirs. Celles qui posent le problème sur la place publique. Celles-là même qui dénoncent, fustigent, blâment dans le tas, en ne s’adressant à personne, en usant de paraboles. Celles enfin qui savent régler les différends et faire revenir les personnes têtues sur leurs décisions, même les plus fermes.
Avec le souci de donner une réponse à la question du quel public pour quel théâtre, Zindirma a tenu à contenter son public dont la majorité est analphabète et illettrée, en présentant sa pièce écrite intégralement en français par Bello Marka, son directeur, dans une langue qui combine à la fois le français et le haoussa.
Et de l’histoire de Hadj Galma, le canard qui a voulu épouser mademoiselle libellule, le public est reparti avec sur ses lèvres le refrain : « Ga shi nan ! Ga shi nan ! Al hadji agwagwa ! » (Le voilà ! Le voilà ! El Hadj le Canard !). Bel exemple de communion entre un public et des artistes venus de divers horizons qui, durant ce temps de festival, mettent la culture au service de son bien être.
Bello Marka