Olivier Taparga est burkinabé. Il est danseur chorégraphe et musicien compositeur. Il a commencé la danse depuis son enfance au sein de son quartier avant de débuter sa carrière professionnelle en 1994. Il est actuellement à Niamey pour encadrer la compagnie ADC, retenue pour représenter le Niger en danse contemporaine aux prochains Jeux de la Francophonie en septembre 2013 à Nice.
Pour toi, la danse c’est quoi ?
La danse, ce n’est pas seulement le mouvement, la danse c’est le corps et l’esprit. Il y’a beaucoup de manière de parler du mot danse. La danse c’est le mouvement, c’est culturel, c’est moderne, c’est contemporain, c’est traditionnel, c’est le geste.
Je suis en premier lieu un danseur traditionnel. J’ai été formé à la danse traditionnelle mandingue et aussi à celle des mossis. Le mandingue c’est tout ce qui a à avoir avec l’ouest du Burkina Faso, Bobo, le Mali, la guinée, l’empire mandingue. Je pratique la danse traditionnelle burkinabè en général, qui touche les mossis, les gourmantché, etc. Je fais aussi de la danse contemporaine. L’année prochaine je fêterais mes 20 ans de carrière.
Parles-nous de la danse contemporaine.
C’est une danse qui touche beaucoup d’horizons, une danse qui vient de presque partout. Ici en Afrique on dit que c’est la danse des blancs, la danse moderne mais en fait c’est une danse qui se trouve un peu au milieu de la danse moderne et de la danse traditionnelle.
Moi, je puise des mouvements dans mes idées et mes gestes de tous les jours : la façon dont je me réveille, comment est ce que je dors, comment est ce que je me tords de douleur, comment est ce que je pleure, comment je ris, comment je cours, comment je marche, etc. Mes mouvements de tous les jours, mes idées de tous les jours, ma vie de tous les jours, c’est ça ma danse contemporaine.
La danse traditionnelle elle, elle est conservée. Il y’a des danses modernes classiques qui sont aussi conservées, des danses où on amène de l’émotion dans les mouvements. Ce ne sont pas des danses où on est là à danser torse nue, où on cri où c’est toujours fort. Il y a des moments très lents, des moments très rapides, des moments de cadences, des moments super organisés, des moments de solo, des duos, beaucoup d’émotions en fait.
Quels messages véhicules-tu à travers la danse ?
J’ai beaucoup de thèmes. Ma compagnie, Baker and Tarpaga Dance Project, est basée au Burkina et aux Etats-Unis. On a des danseurs et des musiciens de ces deux pays. Nous parlons de la politique parce que j’ai vécu au Burkina Faso, un pays qui a été touché par de multiples coups d’état, des mutineries et pleins de problèmes politiques, donc même si ça n’a rien avoir avec les Etats-Unis, dans ma vie je suis avant tout un burkinabè. Nous parlons également de l’amour, de la guerre. La guerre parce que je vis dans un pays qui est engagé dans beaucoup de guerre, les Etats-Unis. Nous sommes comme des journalistes, nous sommes des activistes, nous sommes des ambassadeurs. Nous parlons aussi de l’immigration, parce que je suis très préoccupé par le problème de nos frères africains qui prennent des bateaux de pêche depuis le Sénégal, depuis la Lybie ou depuis le Maroc pour traverser la méditerranée où 99% d’entre eux meurent. Avec la compagnie j’ai fait une pièce sur ça avec d’autres collaborateurs. On parle aussi des belles choses, on parle des beaux côtés de l’Afrique et des Etats-Unis.
Avec la danse je suis allé partout. Je fais partie de ceux qui ont eu cette chance. J’ai rencontré les bonnes personnes au bon moment qui m’ont mis dans les bonnes situations et j’ai travaillé dur pour en arriver là. J’ai fait tous les continents du monde, l’Amérique du nord, l’Amérique du sud, l’Asie, le Moyen Orient, L’Asie, l’Australie, tous les coins de l’Afrique du sud, de l’ouest, du centre, de l’est et du nord.
Quel est le niveau de la compagnie ADC à ce stade, sont-ils prêts pour les compétitions ?
Si vous aviez vu leur première pièce au début quand ils ont gagné le concours national, par rapport à la présentation qu’on vient de faire c’est à 95% une autre pièce. C’est pour dire que leur spectacle a beaucoup progressé, il y a eu beaucoup de changement, beaucoup de travail. Là je pense qu’ils sont prêts, ça va chauffer c’est tout ce que j’ai à dire pour le moment. Le Niger va laisser des traces incroyables à ces jeux.