L'édito du N°23
Septembre 2012

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Par webmaster Publié le 01/09/2012
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Par Marie Adji
Une heure passée devant la télévision et on s’interroge... Les clips de nos rappeurs ressemblent (ou plutôt essayent de ressembler) aux clips des rappeurs américains les plus bling bling. Au programme: jolies filles qui dansent, rappeurs atta- blés dans les coins les plus chauds et VIP de la capitale avec devant eux des bouteilles et derrière eux de belles voitures (les prouesses de photoshop et de final cut!) et j’en passe...
Alors tout va tellement bien dans le rap nigérien, dans la musique nigérienne, dans le Niger lui-même que toute une génération de jeunes s’amuse à imiter un modèle qu’ils ne connaissent même pas. Savent-ils même ce que signifie rap- per, quels sont les fondements de la culture Hip Hop et qui en sont ses précurseurs ? Aux Etats Unis d’abord, et puis ici en Afrique ?
On tourne un clip dans l’une des boites les plus classes de la capitale et après on rentre dormir dans son ‘entrée-cou- chée’... à quoi ça sert?
A travers l’image qu’ils véhiculent à travers leurs clips, ces groupes en influencent encore beaucoup d’autres à entrer dans une carrière artistique au hasard, parce que quand on rap on roule dans une grosse voiture (empruntée pour le clip à un ami coopérant ou a un ami nigérien qui lui a un vrai boulot...) et qu’on a plein de jolies go sur les genoux dans les bars...
Le rap nigérien s’éloigne progressivement des revendica- tions premières du Hip Hop pour des préoccupations pu- rement matérialistes. On met en avant l’argent, les filles, la fête...
Alors parce que le rap est né de la revendication, parce qu’au Niger en particulier il y’a encore beaucoup à dire, amis rap- peurs, laissez les jolis go chez elles, laissez les jolies voi- tures à leurs propriétaires, faites nous danser, oui, bien sur, si vous êtes fatigués de revendiquer vos droits et ceux de toute votre génération, mais faites le honnêtement. Ne nous jetez pas vos bling bling devant l’écran et montrez nous votre vrai Niamey. Parce que souvent, malheureusement, vous rentrez à pied chez vous après un concert, avec même pas de quoi vous payer un bon plat dans les restaurants dans lesquels vous tournez vos clips.
Arrêtons de blaguer! L’heure n’est pas encore arrivée au Ni- ger ou les rappeurs farroteront dans leurs grosses Mercedes aux vitres fumées, mais bientôt, incha allah, si vous vous concentrez plus sur vos textes, vos beats et vos clips.

samedi 1 septembre 2012

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