Beïdari Yacouba

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Par Webmaster  Publié le 16/09/2012
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Beïdari Yacouba est réalisateur de cinéma. Directeur fondateur du festival international de films des droits de l’homme de Niamey, il débute dans le 7èmeArt en 2003 après de longues années de théâtre classique. Après avoir suivi des formations en théâtre forum, il devient coordonnateur de l’ONG RAV (Réseau des partenaires des Arts Vivants pour le développement) spécialisée dans le domaine de la réalisation par le biais du théâtre forum.


En 2005 Beïdari Yacouba suit une formation au ciné-cours de Québec (Canada) à la suite de laquelle il écrit son premier scénario.

Pour ce réalisateur, le cinéma est une façon d’exprimer une vision, des événements, une façon de porter un message, non seulement pour distraire  mais aussi pour éduquer, pour lever le voile sur certains événements, sur certaines choses. Le cinéma permet de révéler la face cachée de certains sujets méconnus des populations.

 

Quel est le genre de cinéma que tu fais ?

Je fais est du cinéma de développement. J’ai réalisé deux documentaires courts-métrages. Le premier en 2007 intitulé ‘Balla champion du monde’ qui dure 33 minutes. Ce film parle de la carrière du lutteur Balla Harouna qui était champion du monde et qui a bien voulu utilisé son titre de champion pour lutter contre le sida, au lieu de le faire comme d’habitude dans les arènes. C’est une façon de montrer qu’on peut utiliser le sport pour un changement de comportement.

Mon deuxième film s’appelle ‘Sabta’. Il est sortit en 2009 et dure également 33minutes. Ce film a été financé par l’ONG RAIL et parle des problèmes de salubrité dans le département de Tessaoua. C’est dans le même ordre d’idées que j’ai pu réaliser un petit court-métrage fiction de 13 minutes intitulé ‘Nagibgi’ la même année. C’est l’histoire d’un fou qui contribue à la salubrité.

Le film documentaire est beaucoup plus pédagogique. Dans le fond il est éducatif, dans la forme il utilise des techniques beaucoup plus souples, ça ne nécessite pas beaucoup de financement, il est réaliste, on tourne sur du réel, on n’invente pas les choses, on les rassemble simplement afin de pouvoir faire passer le message. Or, quand on parle de film fiction, ça peut être par exemple une histoire qu’on a tout simplement inventée, imaginée de toute pièce et dans lequel on essaie de faire jouer des gens avec une mise en scène bien déterminée, avec des effets spéciaux pour pouvoir donner un sens au film. Donc le film fiction ne peut pas forcement répondre à un besoin éducatif ou pédagogique. Il peut être réalisé juste pour raconter une histoire quelconque. Il nécessite un grand financement.

 

Qu’est ce que tes trois premières réalisations ont apporté comme résultats ?

De l’expérience surtout. Mais malheureusement jusqu’alors aucun prix. Ces films sont restés au niveau local. C’est juste une consommation locale. Ils n’ont pas eu la chance d’être projeté au plan international.

Ces films m’ont quand même permis de voyager, par exemple au FESPACO 2011 j’ai projette ces films au consulat du Niger à Ouaga et au niveau du stand nigérien sur le site du festival.

 

Quelle vision as-tu du cinéma nigérien ?

Le Niger fait partie des pionniers du cinéma africain. Dans les années 58, les pays de la sous-région n’avaient pas de films. Le Niger faisait partie des premiers pays d’Afrique sub-saharienne à produire des films, notamment à travers Oumarou Ganda, Jean Rouch, Moustapha Alhassane, etc.

Depuis la mort de Oumarou Ganda et compte tenu de la conjoncture économique les choses ont changé. Le cinéma nigérien a sombré dans la léthargie. Il a fallu l’arrivée des nouvelles autorités qui se sont intéressés au cinéma pour que les choses puissent être réactivées. Je peux vous garantir dans les deux ans à venir des films de qualité au Niger. Notre seul grand souci est le manque de financement. Et, ce que je déplore le plus c’est au niveau des banques nigériennes. Elles n’ont pas cette culture de financer les projets cinématographiques. Elles n’ont pas la compétence nécessaire pour juger un projet de cinéma. Il y a une grande formation à faire aux banquiers dans ce domaine.

Nous avons également un problème de matériels. Tout ce que nous faisons n’est que de la vidéographie. Mais aujourd’hui avec l’arrivée des nouvelles autorités qui ont pensé à créer ce centre national de cinématographie notre cinéma est entrain d’aller en avant. Ce n’est qu’avec la création de ce centre que le Niger a pu faire participer plus de 30 cinéastes au FESPACO 2011. Je pense que c’est un exploit. C’était d’ailleurs à ce festival que j’ai eu l’idée de créer au Niger un festival international de films des droits de l’homme. Au FESPACO j’avais été agréablement surpris de voir ce festival décerner un prix au défunt cinéaste nigérien Oumarou Ganda. Eux, ils connaissent la valeur de ce cinéaste. Nous au Niger, qu’avons nous fait ? L’état a certes mis un centre en place, et en dehors de ça ? Nous cinéastes, nous devons aider l’Etat à nous aider.

 

Parle-nous de ton festival.

Ce festival est déjà mis en place. J’ai commencé à écrire ce projet en Février 2011 pendant que j’étais encore au FESPACO. Je n’arrivais pas à comprendre que le Burkina Faso organisait la 22èmeédition du FESPACO, et que nous, au Niger, nous n’avions même pas un festival de cinéma. Nous avons certes le Forum Africain du Film Documentaire (FAFD) mais ce n’est pas un festival. De ce fait il nous en faut un. Le festival que nous allons réaliser ne va pas ressembler aux autres qui existent déjà. C’est pourquoi j’ai pensé à créer un festival qui traite uniquement des questions des droits de l’homme. C’est-à-dire de films qui parlent par exemples de mariage précoce, de mariage forcé, de l’éducation des enfants, de la liberté d’expression, de la bonne gouvernance, etc. Des films qui nous permettront à nous, africain, de comprendre comment nous devrions vivre dans un cadre harmonieux.

La première édition de ce festival se tiendra du 06 au 13 Octobre 2012 à Niamey. Le CCOG, le CCFN et le Palais des Congrès sont les trois centres retenus pour les différentes projections. La particularité de ce festival c’est le fait qu’il se déroulera en deux étapes. A la première étape il y aura des projections au niveau de ces trois centres, dans les différents quartiers et aussi à la prison civile de Niamey. La deuxième étape se passera à l’intérieur du pays où nous allons faire 410 projections dans les 270 communes durant l’année 2013.

Je profite de cette occasion pour remercier toutes les ambassades qui ont décidé d’appuyer ce festival. Plusieurs invités sur le plan international feront le déplacement. Dans ce cadre j’ai été récemment invité à Ouaga le 1erJuillet passé pour assister à un festival international de films des droits de l’homme. 22 pays y ont pris part.

Je vous informe qu’à l’heure actuelle nous avons enregistré 52 films, dont 6 films nigériens, pour le festival.

 

Comment expliques-tu la disparition des salles de cinéma ?

Ça me fait mal. Sur ce point je trouve que nous sommes en train de perdre une culture. C’est dut à l’avancée technologique. Elle est une chose positive et à la fois négative. Avec l’arrivée du numérique filmer est devenu à la portée de n’importe qui. La technologie est le véritable ennemi de l’artiste, elle est aussi son véritable propulseur.

Le cinéaste met plusieurs années pour produire un film et quelqu’un à côté prend quelques minutes pour pirater cette production et ensuite l’emmène sur le marché. En fin de compte ce cinéaste lui, ne gagne rien. Il ne gagne rien parce que la population préfère acheter le produit piraté à 500 Fcfa sur le marché plutôt que de payer 1000 Fcfa ou 2000 Fcfa pour le regarder au cinéma, vous voyez ! Alors c’est ainsi que petit à petit le public a déserté les salles de cinéma ce qui a entrainé leur disparition. C’est vraiment une grande perte pour nous tous, mais on ne peut rien contre la technologie. 

 

Quels sont tes autres projets?

Présentement je suis entrain de monter un film intitulé ‘La poudre de ma grand-mère’. Dans ce film je suis allé sur les traces de ma grand-mère qui, à l’époque sniffait une poudre appelée ‘soundou’ en Sonrai. Les populations l’utilisaient pour calmer les maux de tête, les douleurs de dent, les vertiges, etc. Je viens également de boucler le scenario d’un film de fiction long métrage appelé ‘Ultime sacrifice’.

 

Ton dernier mot

Le matériel dont dispose le CNCN ne peut pas suffire pour relancer le cinéma nigérien. Même la grue est incomplète. Il faut que l’état arrive à comprendre que, pour relancer véritablement ce cinéma il doit doter ce centre en matériel, en ressources humaines nécessaire et en financement.

Je remercie Fofo magazine qui est vraiment un magazine culturel, ce magazine dans lequel toute la culture nigérienne est en train d’émerger.

  

dimanche 16 septembre 2012

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