Amina Mamani Abdoulaye

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Par Webmaster  Publié le 11/03/2013
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Rencontre avec la jeune cinéaste nigérienne qui a remporté le 1er prix du meilleur film documentaire d’école de la 23e édition de FESPACO 2013.

Présentez-vous à nos lecteurs.

Je m’appelle Amina Mamani Abdoulaye. Je suis réalisatrice en audio-visuel. J’ai terminé mes études à l’IFTIC en Juin 2012. Là je fais un stage au niveau de télé sahel précisément au service production et réalisation ; je travaille aussi à l’agence inter-média de Maman Bakabé.

Je peux dire que c’est le forum africain du film documentaire (FAFD) qui a relancé le cinéma nigérien. Il a formé pas mal de jeunes cinéastes ; par exemple moi je suis un fruit du forum, Sani Magori est un fruit du forum, Saguirou est également un fruit du forum etc.

Je suis cinéaste depuis 2008. C’est avec le forum africain du film documentaire que j’ai débuté, en tant que stagiaire. Partant de là j’ai pris goût à faire du cinéma. Après je me suis inscrit à l’IFTIC, toujours pour la production et réalisation audio-visuel. J’avais pleins de projets que je voulais réaliser. J’ai soutenu en Juin 2012. A la pratique de cette soutenance, j’ai choisi comme thème « le hawan idi » ; c’est un documentaire qui dure 13 minutes.

 

Qu’est-ce que c’est le hawan idi ?

C’est la montée du sultan à cheval pour la prière de la fête de Ramadan. C’est une grande manifestation qui se déroule ce jour-là. Le sultan se déplace accompagné de plusieurs personnes pour cette prière. Après la prière, il revient au sultanat toujours escorté par ses disciples et autres, pour le défilé des chevaliers, de l’armée royale, auxquels s’ajoutent plusieurs jeux comme « le sharo » (échanges de coups de bâton à la poitrine), « le kaafa » (affrontement des hanches) etc. toutes ces manifestations se déroulent en présence du sultan qui reste assis sur son cheval du début à la fin. Si j’ai choisi ce thème c’est parce qu’elle est riche en cultures, en traditions et en coutumes. Ce film reflète vraiment notre culture.

On peut trouver «le hawan idi » un peu partout au Niger, mais pas comme celui de Zinder qui est une particularité. J’ai choisi celui-ci afin que les nigériens puissent découvrir ce qui se passe à Zinder les jours de fêtes.

 

Est-ce que c’est cette réalisation qui était en compétition à la 23eédition de FESPACO ?

En effet oui. C’est l’IFTIC qui l’a envoyé. En fait l’IFTIC avait envoyé 11 films, et parmi ceux-ci il n’y en a que deux qui ont été retenus pour la compétition : le mien « hawan adi » et celui de Moumouni Bakabé qui s’intitule « toungouma ». Suite à ça l’IFTIC nous a envoyé à ce festival. Finalement parmi les 13 documentaires africains retenus au FESPACO pour la compétition, c’est mon film qui a remporté le 1erprix « film documentaire d’école ». J’ai reçu à ce titre un trophée et la somme de deux millions de francs cfa.

Je crois que la dernière fois que le Niger a remporté un 1erprix au FESPACO remonte de 1972 avec le film « Le wazou polygam » d’Oumarou Ganda qui avait remporté le 1erprix Etalon de Yennenga. 

 

Comment on réalise un film ?

Pour faire du cinéma il faut d’abord avoir le sujet, ensuite le mettre en image. Ce n’est rien d’autre que mettre un sujet écrit en image afin de ressortir certaines réalités. Il y a bien sûr le décorateur, le mixeur, le scénariste, l’étalonnage, le metteur en scène pourquoi pas etc. Il y en a qui font de documentaire fiction, mais moi je fais du documentaire de création.

Pour moi le cinéma est une arme. Il permet de découvrir la réalité que les gens vivent, de découvrir la culture des autres. A travers le cinéma on peut instaurer la paix, on peut attirer l’attention des uns et des autres à travers des sensibilisations, on peut aussi promouvoir la culture le cinéma.

 

Ça te fait quoi le fait d'avoir gagner ce prix ?

C’est un honneur pour moi, un grand honneur d’ailleurs. Lorsque le jury a annoncé mon nom j’étais très surprise, je tremblais, je ne m’y attendais pas du tout. Je n’ai jamais espéré gagner à cette grande compétition, en tout cas pas à cette édition. Dans ma tête c’était juste venir découvrir le FESPACO, et c’est tout. Je ne m’imaginais pas gagnante encore moins lauréate. Lorsque j’étais certaine que c’était de moi que le jury s’adressait, j’ai d’abord pleuré un instant, puis j’ai pensé à mon défunt père, ensuite au fond de moi j’ai dit « si mon père était là quelle serait sa réaction ? ». Le stade du 4 Août où la remise des prix s’est déroulée était bondé de gens.

J’ai gagné le premier prix mais je reste toujours moi-même. C’est un honneur pour le Niger, un nouveau visage pour le cinéma nigérien qui, a beaucoup régressé, qui a presque disparu de la scène. Il y a des bons cinéastes au Niger, on a besoin juste que l’état nigérien nous donne un coup de pouce.

Depuis mon retour du FESPACO je n’ai pas encore été reçu par une quelconque autorité de mon pays. Mais plusieurs personnes m’ont félicité et m’ont encouragé à travers des e-mails, sur facebook, des coups de fil etc.

C’est un grand festival le FESPACO, j’ai beaucoup aimé. C’est un festival qui est très bien organisé, je compte retourner au prochain mais avec un grand film cette fois ci ; pas qu’au FESPACO seulement, il y a d’autres auxquels je compte y participer bientôt.

 

Est-ce que tu as des réalisations autres  que cette dernière ?

« Hawan idi » est la seule réalisation que j’ai pour l’instant. C’est mon tout premier film et c’est lui qui a remporté le 1erprix ; cette chance n’est pas permise à tout un chacun.

Je compte en réaliser plusieurs autres, en documentaire comme en fiction. L’an passé j’ai joué dans un film fiction appelé « gari yayi zayi » dont je suis l’actrice principale ; c’est un film de Maman Bakabé.

 

Quels sont tes projets

J’ai un projet qui me tient beaucoup à cœur, il date de plusieurs années. C’est un projet qui parle de mon père qui est décédé alors que j’avais 11 ans. Il était écrivain nigérien et homme politique, il s’appelait Mamani Abdoulaye. C’est lui qui a écrit l’ouvrage de Sarraounia, mais il y a plein de choses de lui qui sont cachées et que je compte ressortir à travers mes réalisations.

 

Quel est ton dernier mot ?

Je demande aux cinéastes nigériens de se réunir pour la bonne marche de notre cinéma. Je demande le soutien des bonnes volontés afin que je puisse réaliser mon projet. Bon vent au cinéma nigérien. 

lundi 11 mars 2013

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