Rencontre avec Mao Imprimer
4/12/2014 11:48:33 AM - Publié par fofo_mag@yahoo.fr  


Issoufou Dan-yaro Sagé, connu de tous les nigériens sous le nom de Mao, est musicien et chanteur. Né en 1958 à Tanout (Zinder), il se lance dans des études en géophysique avant de tout abandonner en 1976 pour la musique.


Racontes-nous tes débuts dans la musique.



A cette époque, il n’y avait pas de centre d’apprentissage en musique au Niger, il y avait peu de musiciens. Je me suis déplacé à Parakou au Benin afin d’apprendre à jouer de la guitare. Là-bas j’ai enregistré mon premier titre da-chankal mami, en 1979. Quelques années après j’ai évolué au niveau de l’orchestre international de la capitale qui était constitué de chanteurs et musiciens professionnels, tout en faisant à côté des animations dans des bars. J’ai composé de très nombreuse chansons qui évoquent mon quotidien et tout ce qui se passe autour de moi.



Tu as disparu de la scène musicale nigérienne, quelle en est la cause ?



Je n’ai pas disparu de la scène musicale comme le prétendent les gens, la preuve je viens de faire mon entrée en studio pour la production d’un album de huit titres dont la sortie est prévue dans quatre mois. Il est vrai qu’à un moment la nouvelle génération qui est venu nous rejoindre dans le monde musical a essayé de nous écarter. Moi je ne me suis pas laisser faire, j’ai résisté. La musique que font la plupart d’entre eux n’est qu’une longue dédicace, c’est-à-dire que dans leurs chansons ils ne font que citer les noms de gens, ils ne disent rien d’intéressant dans leurs textes. Ceci est un frein pour notre musique qui a déjà assez de problème.



Aujourd’hui nous avons un centre de formation, mais les musiciens ne viennent pas se former. Ils ne viennent pas parce qu’ils pensent qu’ils sont déjà des professionnels, or ils se trompent, ce n’est pas le cas. Ils ne connaissent même pas les notes ; or pour accompagner un chanteur il faut au moins avoir une base. Mais les musiciens que nous avons ici, il suffit juste qu’on leur demande d’accompagner un autre chanteur pour découvrir leur limite, c’est grave. Le danger c’est le fait qu’ils continuent toujours de croire qu’ils sont des professionnels.        



Je ne sais pas si la musique nigérienne est écoutée hors de nos frontières ou pas, mais je peux dire qu’elle est connu par des artistes tels que Mamar Kassaï qui est sollicité à travers le monde.



Un conseil pour les musiciens nigériens ?



Je demande aux musiciens et chanteurs nigériens de ne pas compter que sur la musique, je leur conseille de chercher d’autres activités parce que moi, je regrette beaucoup d’avoir abandonné mon boulot pour la musique.



La musique n’est qu’une passion et non un travail. Et même si on la choisit comme métier, ça pourrait ne pas marcher, c’est un risque.



Par Walter Issaka



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