Mohammad El Kabir Souleymane Imprimer
2/12/2014 8:41:30 AM - Publié par fofo_mag@yahoo.fr  


Rencontre avec Mohammad El Kabir Souleymane. Réalisateur, il est aussi président d’une association de jeunes appelée jeunesse active du Niger. Il est entré dans la réalisation cinématographique suite à une histoire qu’il a vécu au Burkina Faso pendant qu’il y était pour ses études.


Parles-nous de tes débuts.



Tout a commencé en 2005 lorsque j’ai travaillé comme  agent commercial au niveau d’une chaine de télévision privée de Ouagadougou appelée SMTV Sports and Music TV. J’assistais également les réalisateurs dans l’audiovisuel, ce qui m’a permis de côtoyer pas mal de gens du cinéma. J’ai même été retenu pour jouer dans la série burkinabè Commissariat de Tempi, mais malheureusement j’ai renoncé au moment des répétitions à cause d’un burkinabè qui a jeté l’anathème sur la culture nigérienne. J’ai eu du mal à digérer ses propos alors j’ai arrêté de jouer. C’est cette offense qui m’a donné la force d’embrasser le cinéma, elle m’a donné la force de revenir dans mon pays afin d’écrire, de réaliser et de produire un film, par patriotisme.



Au Burkina, j’étais aussi formateur en théâtre, ce qui m’a permis de me perfectionner dans la mise en scène et la scénarisation.



A mon retour au Niger en janvier 2013 je me suis lancé dans ma passion, le cinéma. Peu de temps après j’ai écrit le scénario de mon premier film intitulé L’origine du mal.



 



Quel genre de film est-ce ? 



C’est une série de 75 épisodes. Chaque épisode dure 26 minutes.



En janvier 2013 nous avons commencé par mettre en application le scénario, j’ai fait la mise en scène moi-même, je donnais aussi des formations de comédien aux acteurs. Au mois de février, avec le concours matériels du CNCN (Centre National du Cinéma Nigérien), nous avons pu réaliser les quatre premiers épisodes de la série. Le travail à duré jusqu’au mois d’Août 2013. Le 9 Novembre 2013, nous avons sorti officiellement ces premiers épisodes lors d’une projection au Centre Culturel Oumarou Ganda (CCOG) de Niamey.



Dans le tournage de ces 4 premiers épisodes il y avait 33 acteurs officiels et 18 figurants.



Ces 75 épisodes sont divisés en 5 saisons, chaque saison est composée de 15 épisodes. Nous allons bientôt reprendre le travail pour pouvoir produire les 11 épisodes restants afin de boucler la « saison 1 » de l’origine du mal.



Quel message reflète le titre ?



Le titre est énigmatique. Le quotidien de la jeunesse nigérienne ou africaine est similaire, dans le sens bien sûr d’avoir un certain nombre de problème en commun. Avec mon staff nous avons essayés d’identifier tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés et nous avons essayé de les caricaturer à travers le cinéma. Pour chaque problème, il y a des solutions qui pourraient être trouvées. Quand nous avons fait l’analyse de tous ces problèmes que nous avions identifié pour les intégrer au scénario, nous avons constaté que tous ces maux se résument en un seul mal. C’est pourquoi dans l’association de ces maux qui assaillent la population nigérienne de façon générale  chacun se fera sa petite idée de ce qui peut être l’origine du mal.



Il y a des problèmes éducatifs qui sont évoqués dans ce film, les problèmes de santé, la délinquance juvénile. Il y a surtout le problème fondamental qui est celui de la mentalité de notre population. A travers l’origine du mal, ce que nous voulons c’est amener un changement de mentalité au niveau de la population nigérienne.



Comment as-tu procédé pour écrire ton scénario ?



Mon avantage c’est le fait que je suis déjà metteur en scène, ce qui fait qu’à chaque fois que j’écris mon scénario j’ai ma mise en scène pour le repérage des lieux. Ca me permet d’écrire mon scénario séquences par séquences selon la chronologie du film. Cette méthode me permet d’écrire directement mon scénario et en même temps de faire une simulation de sa durée afin de connaitre la durée de chaque séquence et donc d’arriver à des épisodes de 26 minutes cohérents. Ce qu’il ne faut jamais perdre de vue dans l’écrit d’un film ou d’une série, c’est la chronologie.



Qu’est-ce qui t’a incité à débuter par une série ?



C’est pour taper fort. Parce que ça me fait mal de constater que toutes les chaines de télévision que nous avons au Niger ne font que diffuser jour et nuit des séries qui nous viennent d’ailleurs, des séries qui n’ont rien à voir avec nos réalités, des séries qui déroutent les téléspectateurs et notamment les jeunes. Ces séries brésiliennes ou leurs semblables sont achetées à coup de millions par ces chaines de télévision et surtout par des sociétés basées au Niger. Or au Niger nous avons des potentialités qui peuvent mieux faire, qui pourraient permettre à ces chaines de passer régulièrement des productions locales. Si celles-ci injectaient ces millions dans la production cinématographique nigérienne il va de soi que le cinéma nigérien pourrait étendre ses ailes. C’est dans ce sens là que j’ai décidé de débuter par une série, ça me tient à cœur de finir les 75 épisodes avant de pouvoir entamer un autre film.



Ton dernier mot



C’est l’occasion pour moi de lancer un appel à l’ensemble de la population nigérienne à aimer la culture nigérienne, que cette population sache que c’est à elle de faire évoluer cette culture, qu’elle apprenne surtout à acheter les produits nigériennes, c’est cela qui permettra aux artistes de vivre.



                   



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