Inoussa Mamane Maazou Dan Alalo

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Par Webmaster  Publié le 06/06/2013
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Inoussa Mamane Maazou Dan Alalo est né le 23 septembre 1984 à Zinder. C’est l’un des chanteurs principaux du groupe Dan Alalo, une jeune formation musicale de Zinder, dont la particularité est que chacun de ses membres est occupé par une vie professionnelle (enseignants, gérants d’hôtels, pharmaciens, informaticiens, entrepreneurs, ouvriers). Cet artiste que Sani Aboussa comptait parmi ses meilleurs héritiers en musique, auteur compositeur né dans la musique et grandi avec elle, fait figure de ces jeunes talents avec qui la musique moderne nigérienne doit compter.

“ Je suis entré dans la musique parce que je l’ai trouvée dans notre famille. J’ai grandi dans la chanson. Mon grand-père, Maazou Dan Alalo, est un chanteur attitré à la cour du sultan du Damagaram ”. C’est par ces propos que Inoussa explique les origines profondes de son attachement à la musique.
Et son amour pour cet art va se prononcer d’avantage par l’influence que son entourage familial immédiat va avoir sur lui : “ Mon père avait formé un groupe musical avec les Maman Bagna dit Gadjé. Et c’est dans notre maison qu’on déposait les instruments comme la guitare et le kalangu. J’aimais bien les toucher un peu, gratter les cordes par ci, manipuler les baguettes par là ”.
Et bien que sa mère, pour sa part, préférait voir le jeune Inoussa s’occuper plus de ses études plutôt que de faire de la musique, cet art qui, a-t-on coutume de dire ici, ne nourrit point son homme, à chaque fois qu’elle lui présentait le manuel “ les belles histoires de la famille Boda ”  savait la consoler en lui rappelant que la musique était avant tout pour lui un héritage.
 Le vrai tournant qui va le conduire au monde de la musique, il le  prend quand sa mère l’envoie à Maradi poursuivre ses études chez des parents à elle. “ La famille maternelle dans laquelle je vivais était chrétienne, ma mère étant une centrafricaine de l’Oubangui Chari. Quand ils allaient à l’église, je les suivais, ce qui me permit d’apprendre à  jouer avec ma voix ”.
Lors de son retour à Zinder, pendant les vacances de sa classe de CM2, Inoussa qui a un parent qui travaille au Centre Culturel Franco-Nigérien (CCFN), -Léandre Sossou- en allant le voir, découvre le studio du centre. Il s’y approche. Le tonton très vite remarque le talent de son neveu ainsi que celui d’un autre jeune homme avec qui d’ailleurs Inoussa va faire cavalier dans la musique : le défunt Roufai Abdousalam. Léandre juge alors nécessaire de former les deux enfants dans le domaine de la musique. “ Moi je ne savais rien d’autre que chanter. Léandre forma un groupe dénommé Annashuwa Boys composé de Roufai Abdousalam, Frédérick, son fils -qui plus tard va faire partie du groupe de rap BSB, Ousmane OD, et bien d’autres ”.
Ce fut lui qui, pour la première fois, apprit à Inoussa à écrire une chanson, à faire une composition qui sera appréciée des gens, à faire un bon enregistrement.
À partir de ce moment là, les événements vont se précipiter. Un jour, en effet, Sani Aboussa en sortant du Mess qui jouxte le CCFN, entendit les répétitions des Annashuwa Boys. Les jeunes artistes qui venaient juste de finir leurs répétitions  entendirent des applaudissements monter de derrière eux. En se retournant, ils se retrouvèrent face à face avec Sani Aboussa accompagné de Bachir Obertin. Instant magique. “ Sani nous a demandé simplement si Roufai et moi pouvions désormais, après nos répétitions au CCFN, les retrouver pour travailler avec leur groupe ”. La réponse fut spontanée : “ Oui ! ” Et on les comprend aisément : “  C’était pour nous incroyable que de pouvoir travailler avec le grand Sani Aboussa et son Super Haské ”.
Ce fut pour eux l’intégration dans le Haské junior. Ce fut également en ces moments que Sani Aboussa, en écoutant une des chansons de Inoussa, “ Dan Alalo ”, lui dit : “ Voilà ! Ce sera là  désormais ton nom d’artiste ”.
Et après deux ans, Inoussa et Roufai quittèrent le Haské pour la nouvelle formation qu’ils venaient de créer : Le Dangana dans lequel il va évoluer pendant six bonnes années avant de quitter  pour suivre des cours d’informatique pendant deux ans. “ En ce moment même, je fréquente une école de santé ” fait-il entendre, pour expliquer les raisons de son départ du Dangana.
Inoussa reconnaît avoir écrit beaucoup de chansons, dont les unes  passent sur les radios et les autres restent encore sur papier. “  J’ai environ 414 chansons que j’ai écrites moi même. Sans compter celles que je n‘ai pas encore achevées ”, confiera-t-il avec beaucoup de modestie.
Son inspiration, il la puise des valeurs traditionnelles à travers des chanteurs et musiciens traditionnalistes : El Hadj Maman Chata Katsina, Dan Maraya Jos, Dan Alalo Damagaram. Il s’appuie également sur la compagnie des enfants pour connaître leurs problèmes, et côtoie les anciens pour profiter de leur sagesse et de leur expérience. Car, dit-il, “ il est nécessaire de toujours chercher à s’améliorer et à améliorer son art ”.
Inoussa, grâce à la musique , a voyagé. Il a été en France par ceux fois, au Burkina Faso, au Ghana, au Malawi, au Benin, en Algérie, etc.
L’artiste s’estime satisfait que les populations aiment la musique nigérienne. “ Aujourd’hui, elles comprennent que faire de la musique n’est pas une perte de temps et que la musique, loin d’être du temps perdu, est un métier comme les autres. Au plus, c’est un choix personnel et le choix ne se discute pas ”. Une autre satisfaction qu’il tire de ce métier est, dit-il, “  qu’au delà de la distraction, l’on arrive à passer des messages importants qu’on ne peut pas dire face à face à des hommes politiques, ou autres par exemple. Mais comme c’est à travers la chanson, ça passe sans problème. Et un message qui part de Zinder, fait rapidement le tour de la terre ”. 
En tant qu’artiste, point besoin de dire que la profession a ses problèmes. “ je pense qu’il y a d’abord un problème d’appui. Nos responsables n’aident pas la culture. Ils préfèrent investir ailleurs ”.  Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. “ En plus, nos artistes sont paresseux ; ils n’aiment pas travailler. La plupart se cantonnent dans les bals poussière où ils s’essoufflent juste pour un trente mille ”. Avec un air triste, il demande : “ Comment ton travail peut-il avoir de la valeur puisque n’importe qui peut venir te regarder et entendre tes morceaux sans avoir à payer un seul franc ? ”  Pour certains artistes musiciens, c’est là une option délibérée. Mais, dira pour sa part Inoussa, “Tous les jours tu joues dans les bars, tu t’empêches de dormir, et quand un chanteur vient d’ailleurs, il est plus considéré que toi. Tu dois donner de la valeur à ce que tu fais pour que d’autres lui donnent de la considération ”. Et, touchant un autre aspect de la problématique, il fait remarquer : “tu viens de finir une chanson en studio que déjà tu la passes aux gens à partir de ton portable. Et avant que l’album ne sorte, les chansons ont fait le tour du monde. Cela n’est pas fait pour grandir la profession. ”
Tout en regrettant qu’il y ait “ des artistes qui ne considèrent pas la musique comme un métier et qui la font uniquement pour se faire voir”, il se réjouit néanmoins que “  ceux qui considèrent la musique comme une profession à part entière évoluent et réussissent. ”
Comme tout artiste nigérien, Inoussa ne manque pas d’avoir un espoir. Le principal, pour lui, est que “ les autorités prennent conscience de l’opportunité que la culture leur offre de faire passer les messages, de toucher les populations sur des problèmes de société ”. En posant un regard sur les autres pays qui appuient la culture et en ont fait une industrie prospère au même titre que les ressources minières et autres, il déclare non sans regret : “ Beaucoup de pays sont connus dans le monde à travers leur musique, à travers leurs artistes ; pourquoi pas nous au Niger ? Regardez les pays qui valorisent leurs artistes, qui considèrent leurs musiciens. C’est dans de tels pays qu’on voit le président venir personnellement accueillir les artistes ”.Après un temps de pause, il reprend en soupirant : “  Chez nous c’est tout à fait le contraire. Les autorités brillent par leur absence sur les lieux de spectacle ”.
Parlant des artistes eux même, en plus de s’aimer les uns les autres, il pense qu’ils doivent s’entraider. Les artistes, qu’ils soient du milieu traditionnel ou moderne doivent faire un. “ Il faut, rappelle-t-il, que nous accordons toute l’importance qu’il faut à notre travail d’artistes. Nous devons éviter la débauche. C’est ce qui fait dire que les artistes sont des délinquants. Et c’est normal qu’on le dise en voyant certains artistes qui se comportent de mauvaise manière en se saoulant, en se droguant, en adoptant des comportements qui contreviennent aux moeurs ”. Le conseil qu’il donne aux artistes ne s’arrête pas là. “ Nous devons savoir ce que nous disons dans nos chansons. Il faut que nos paroles aient un sens et apportent quelque chose de positif dans nos sociétés qui vivent dans l’ignorance et la pauvreté ”.
 

 Bello Marka
 

jeudi 6 juin 2013

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